La Première Victoire d’Hannibal

En 1885, à tout juste 24 ans, Antoine Bourdelle rencontre le succès avec cette œuvre. Il est alors élève du sculpteur Falguière à Paris. Son travail est marqué par un grand réalisme, notable dans la ciselure des plumes de l’oiseau, et une grande vivacité. L’enfant est emporté dans une immense verticale et semble se projeter vers l’avant, image en creux du jeune artiste se lançant dans le monde?

Bourdelle puisa son inspiration dans le roman de Gustave Flaubert, Salammbô : « La bête, furieuse, l’enveloppait du battement de ses ailes ; il l’étreignait contre sa poitrine, et à mesure qu’elle agonisait, ses rires redoublaient, éclatants et superbes comme des chocs d’épées .»

Certains éléments se retrouvent, comme le sourire et le puissant battement d’ailes, tandis que Bourdelle a privilégié un étirement de la figure plutôt qu’une étreinte.

Hannibal semble prêt à quitter le sol, emporté par la puissance de l’oiseau, frêle enfant dans ce combat dont il sortira vainqueur.

Deux œuvres sont présentées côte à côte dans la salle. Il s’agit du plâtre original, présenté au Salon de 1885, et immédiatement acheté par la comtesse de Mari, protectrice de Bourdelle pour l’offrir au musée de Montauban ; et la version en bronze qui en a été tirée.

Pouvoir admirer les deux œuvres ensemble est rare, et permet de mieux comprendre les étapes de réalisation d’une œuvre en bronze.

L’œuvre illustre un épisode de l’enfance du futur général carthaginois Hannibal, célèbre pour avoir attaqué Rome en faisant traverser les Alpes à ses éléphants de guerre.

Tout jeune enfant, il capture un aigle adulte. Cet épisode rappela à Bourdelle une scène de sa jeunesse, où un aigle se retrouva pris au piège chez sa tante.

Ce bronze est un tirage (aussi appelé épreuve) récente. A partir du plâtre exposé ci-contre, une fonte en bronze a été réalisée en 1992. Aussi sur le socle cohabite la signature de Bourdelle, sur le côté gauche, le cachet du fondeur, Coubertin, ainsi qu’une inscription résolument moderne « by Bourdelle n°2 ». En effet, les tirages en bronze sont numérotés, assurant ainsi leur unicité.